
Vingt Etats d’Afrique subsaharienne ont connu un conflit depuis 1999.La plus grande partie des jeunes non scolarisés se trouve dans un pays subissant un conflit ou ayant un gouvernement fragile. Les 181 pays membres du forum International de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique ont décrété les conflits armés et instabilités politiques internes comme « un obstacle majeur à la réalisation de l’Education pour tous ». D’après les chiffres de l’UNESCO, les pays africains victimes d’un conflit font preuve d’un taux brut de scolarisation dans le secondaire de près de 30% de moins en moyenne que celui des pays en paix et à revenu équivalent. Cette non-scolarisation de plus de ¼ des jeunes africains habitants dans un pays en guerre provoque des répercutions incontournables qui se traduisent finalement par un taux d’alphabétisation des adultes qui est de 69% dans les pays en guerre contre 85% dans les pays en paix.
Les conséquences des conflits :
Des dégâts humains : Au -delà de ne pouvoir être scolarisés, de nombreux jeunes sont tués. Depuis 1945 (sans compter la seconde guerre mondiale), on estime que 150 conflits ont causé la mort de plus de 20 millions de personnes en Afrique dont 85% de civils environ. Parmi eux, la moitié sont des jeunes. Les adultes survivants connaissent également de fortes difficultés à la suite des conflits. Souvent exclus de leur travail, ils finissent par atteindre un niveau de vie extrêmement faible dans des conditions de vie précaires. Ils sont donc dans l’incapacité financière d’envoyer leurs enfants à l’école et profitent surtout de leur main d’œuvre en les faisant travailler (mines, prostitution…).
Des dégâts matériels : Les conflits provoquent des dégâts matériels considérables (photo ci dessous). Des milliers d’infrastructures économiques et sociales (écoles, locaux d’entreprises, logements…) sont détruites ou partiellement détruites. En plus de cela, le gouvernement étant souvent instable et fragile ne consacre qu’une faible partie de ses investissements dans la reconstruction d’écoles. Ceux qui n’ont pas payé de leur vie sont alors privés des besoins fondamentaux.
Les instabilités politiques et leurs dégâts...

Salle de classe détruite dans un quartier de Gaza, le 14 septembre 2014. Photo AFP Mahmud Hams d'après :

Des enfants soldats : De nombreux jeunes se retrouvent victimes d’un enfer qu’ils n’ont pas souhaité et auquel ils sont parfois obligés de participer. Aujourd’hui, les conflits africains mobilisent plus d’un tiers des 300 000 enfants dévoués au combat dans le monde, soit environ 120 000. Ces enfants sont majoritairement recrutés dans les rues et dans les campagnes. Parfois, leurs parents les encouragent à se battre pour pouvoir récupérer la compensation financière en cas de décès de l'enfant sur le champ de bataille. De plus, les soldats manquent, et les orphelins sont nombreux. L’une des solutions est donc de leur donner les armes. Et dès l’âge de 7 ans, garçons (60%) et filles (40%) partent faire la guerre. Un jeune soldat de 17 ans témoigne : "Nous, quand on capture un rebelle, il est mort ! On le déshabille, on lui attache les mains dans le dos et on le couche sur le ventre. Après, on l'arrose d'essence et on craque une allumette... Bien sûr, on fume de la drogue. C'est bon, on ne pense plus à rien, on n'a plus peur. T'es Rambo ! Tu fonces et c'est tout !"

Enfant soldat en République démocratique du Congo (2008) d'après :

Des dégâts psychologiques : Enfin, ces guerres troublent les esprits et laissent des images dures à effacer dans la tête d’un enfant : tueries, l’exploitation dont ils sont victimes notamment dans la prostitution pour les filles. Tous ces facteurs laissent des traumatismes ne favorisant pas la reprise des études de l’enfant. Ces troubles psychiques interviennent directement sur la capacité à étudier et peuvent être à l’origine de nombreuses violences.
Des violences à l'école : Aujourd’hui, la violence à l’école prend de plus en plus d’ampleur. La différence des besoins, des valeurs et des intérêts sont les sources de conflits dans la vie en société. Et l’école étant une institution de cette société, on y retrouve souvent les mêmes conflits à différente échelle. En Afrique du sud par exemple, 2 millions soit 15,3% des enfants ont subi des violences verbales ou physiques à l'école. La pauvreté provoquant un manque de matériel et donc de la jalousie, le surpeuplement des salles de classe, et la reproduction des comportements appris dans la famille en sont les principales causes dissuadant la scolarisation de certains élèves. Mais il reste la plus présente de toute : la violence sexuelle. Celle-ci est très répandue, notamment en Afrique de l’Ouest. En effet 50 % des écolières interrogées ont indiqué avoir subi un harcèlement sexuel à l′école. C’est difficile à croire, mais la plupart des familles et des enseignants dissimulent ou tolèrent le problème. La plus grande partie des victimes d’abus sont souvent des étudiantes d’établissement secondaire. En plus de cela, le taux de filles est déjà très faible environ 10 % ( Voir Inégalités Filles/Garcons ), et ces actes ne font que dissuader les familles et jeunes étudiantes de fréquenter des établissements qui deviendraient potentiellement dangereux, les exposant en plus à des maladies sexuellement transmissibles dont le VIH ( Voir Santé ).
Un exemple concret :
Burundi et Congo : Pendant la période de guerre, ces pays ont observé une baisse de 11,2 millions d’élèves par an avec une diminution du taux d’inscription de 5% suite aux évènements. Des régions ont été particulièrement touchées. Le Kivu au nord présente aujourd’hui une probabilité deux fois plus importante que dans le reste du pays que les jeunes âgés de 17 à 22 ans n’aient suivi que 2 ans d’études.